10 septembre 2005
Leçons de drague
Les métiers de service ont cela de formidable qu'ils facilitent le contact avec le public. Si vous aviez le choix entre vous adresser à un employé identifié et un individu lambda, il y a fort à partier que vous opterez pour la première solution. L'être humain se méfie souvent des territoires inconnus et préfère se reposer sur un aspect qu'il peut avoir le sentiment de maîtriser. Le contact est ainsi facilité d'autant plus qu'il n'implique pas a priori de relation interpersonnelle autre que la réponse à une question d'ordre pratique.
Mais dans certains cas, ce contact est un peu un prétexte pour engager la conversation et se transformer en drague de façon plus ou moins ouverte. Bien entendu, se faire draguer n'est jamais désagréable, cela prouve au moins que l'on plaît. Mais il y a drague et drague, ce petit jeu peut devenir vite un peu lourd et agaçant, surtout quand les personnes ne vous font pas, mais alors pas du tout, spécialement flasher… Voici un (tout) petit florilège de dragues à deux balles, avec, entre crochets, ce à quoi je pensais à ces moments :
Le coup du compliment
Quand vous approchez de la zone d'embarquement, un cast member vous demandera toujours à combien de personnes vous montez. Et parfois, quand le temps le permet, c'est l'occasion de discuter un peu avec les visiteurs. Et parfois, c'est le visiteur qui discute avec vous. Mais parfois, les conversations vont au-delà du nécessaire :
— Bonjour, combien êtes-vous ?
— Je suis tout seul.
— Très bien, vous serez à la rangée 1.
— Il est beau votre costume. [ah, encore un qui va me jouer le grand jeu]
— Merci, c'est vrai que celui des Pirates est l'un des plus aboutis.
— Il vous va super bien. [soyez un peu plus original quoi !]
— C'est très gentil, merci.
— Et en plus vous êtes mignon ! [hé ben, il est direct celui-là]
— Ah, euh merci… glrp… ben… votre bateau est arrivé !
Quand on en oublie sa mission première
Parmi les visiteurs, nous recevions souvent des enfants atteints de maladies difficiles. Lors de telles visites, nous faisions notre maximum pour leur apporter toute notre attention et bienveillance afin de leur faire partager des moments magiques et en leur autorisant un accès prioritaire. Les accompagnateurs font un travail remarquable, mais n'en restent pas moins sensibles à d'autres émotions :
— Bonjour, combien y-a-t-il de personnes dans votre groupe ?
— Avec moi, cela fait douze.
— Très bien, je vous réserve trois rangées.
Le bateau arrive.
— C'est bon moussailons, tous à bord ! Gardez bien vos mains à l'intérieur du bateau et restez bien assis !
Tous les enfants montent, à l'exception de l'accompagnateur. Je reprends alors la parole :
— Vous ne montez pas ?
— Oh, ben non, je préfère rester sur le quai et rester en votre belle compagnie ! [euh, ça ne va pas le faire]
— Euh… cela ne va pas être possible, les enfants doivent être accompagnés par un adulte.
— Vraiment ? Je ne peux pas rester ? [ah non, alors, je n'y tiens vraiment pas]
— Non, vraiment.
— Bon, ben, vous m'attendez à la sortie ? [dans tes rêves…]
— Je serai déjà parti !
Il y a bien d'autres histoires mais qui feront l'objet d'autres billets !
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